Participez, à distance, à l’animation russe du festival d’Annecy!

La 60e édition du plus célèbre festival d’animation au monde se déroulera exclusivement de
façon virtuelle, en raison de l’épidémie de Covid-19. Pour vous
accréditer, rendez-vous sur le site du festival, avant le
29 juin, pour un tarif de 15 euros. Grâce à l’offre Festival, vous pourrez visionner la sélection officielle.
Les contenus en compétition seront disponibles en ligne : les courts
métrages (L’officielle, Off-Limits, Perspectives, Jeune public, Fin
d’études), les longs métrages* (8 extraits et 12 en intégralité),
les films de télévision et de commande et enfin les œuvres VR.
Découvrez la sélection 2020 réalisée par Marcel Jean, délégué
artistique, et les comités de sélection. Plus les « cartes blanches »: en complément à
la programmation officielle 2020, les partenaires du Festival d’Annecy
vous proposent une sélection de programmes en avant-première ou quelques
bonus issus de leurs productions. À découvrir sans modération !

Les
amoureux d’animation voyagent souvent dans les mêmes pays, des
États-Unis au Japon, en passant par la France. Cette année, le festival
d’Annecy nous offre une destination moins attendue avec deux films
russes en compétition officielle
. Un territoire presque inexploré pour
le spectateur occidental, à quelques rares exceptions près, tels le
sublime Roman de Renard, de
Ladislas Starewitch (produit et réalisé… en France, dans les années
1930), ou encore les tendres folies visuelles plus contemporaines de
Garri Bardine (La Nounou, 1997).

Le
cru 2020 de la production russe nous emmène très loin de ces illustres
références. “Ginger’s
Tale” et “The Nose or the Conspiration of Maverick” sont les deux
œuvres russes à l’affiche du festival du film d’animation. Si le premier
s’inspire sans grande originalité de l’univers Disney, le second
propose une fresque foisonnante surchargée de références artistiques et
politiques. Deux salles, deux ambiances.

Il s’agit presque, à vrai dire, de faire le grand écart des deux côtés de l’Oural :

  • versant occidental, Ginger’s Tale, de Konstantin Scherkin, est un dessin animé sous forte influence Disney, avec une méchante reine qui ressemble (malgré un visage anguleux) à celle de Blanche-Neige, des flots de magie, et une jeune héroïne intrépide à couettes qui paraît directement importée de Bernard et Bianca.

Cet allègre conte moral sur l’appât du gain (tout le monde se dispute une sorte de pierre d’abondance) tente néanmoins de se distinguer par ses couleurs, plus brunes et plus sourdes, et son trait plus nerveux. Pari à demi réussi, pour un divertissement conçu pour la jeunesse, dont le rythme et l’énergie compensent le manque d’originalité.


  • fiche film
  • De l’autre côté du paysage (pour ne pas dire sur la face nord, et surtout abrupte), The Nose or the Conspiracy of Maverick, d’Andrey Khrzhanovsky, s’adresse manifestement aux adultes, et pas n’importe lesquels : les plus avertis, les plus lettrés... les plus endurants.

    C’est une fresque fantasque et foisonnante, surchargée de références artistiques et politiques sur tout le spectre du malheur russe, du XIXe siècle de Gogol à la mise en images de l’opéra que sa fameuse nouvelle Le Nez inspira en 1928 au compositeur Dmitri Chostakovitch, ou encore aux démêlés de l’écrivain Boulgakov avec Joseph Staline. Un savant charivari de papier découpé, de prise de vues réelles, d’animation 2D et par ordinateurs, d’idées visuelles fulgurantes, de trognes tragi-comiques et d’hermétisme érudit.

Du spectacle commercial « à l’américaine » à cette savante folie culturelle, les deux facettes de l’animation russe ne font pas que s’exposer à Annecy : elle s’y opposent étrangement.